Lettresa Alfred de Musset Et a Sainte-Beuve Livre PDF Offrez-vous un calendrier Calvendo qui reste beau tout au long de l'année. Je suis très émue de vous dire que j’ai bien compris l’autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit là une preuve que je puisse être aimée par vous. Je suis prête à vous montrer mon affection toute désintéressée et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dévoiler sans artifice mon âme toute nue, venez me faire une visite. Nous causerons en amis, franchement. Je vous prouverai que je suis la femme sincère, capable de vous offrir l’affection la plus profonde comme la plus étroite amitié, en un mot la meilleure preuve que vous puissiez rêver, puisque votre âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha- bite est bien longue, bien dure et souvent difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme grosse. Accourez donc vite et venez me la faire oublier par l’amour où je veux me mettre Alfredde Musset La Biographie. Poèmes choisis. À George Sand (I) À George Sand (VI) A M. A. T. A M. V. H. À Madame G. (Rondeau) À Mademoiselle; À mon ami Alfred T. À Ninon; Tristesse; Venise; Par Stéphen Moysan. À Table des matières I VOYAGE EN ITALIE II À VENISE III RETOUR D'ITALIE IV VOYAGE DE MUSSET À BADE V À PARIS VI DEUX LIVRES INDEX BIBLIOGRAPHIQUE - NOTES ET DOCUMENTS INÉDITS - La Véritable histoire de Elle et Lui» , récemment publiée par M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul ¹ a rouvert de la façon la plus curieuse, entre Alfred de Musset et George Sand, un débat qui ne sera pas décidément clos, ni l'équitable jugement prononcé, avant la mise au plein jour des lettres échangées par ces amants illustres. La réputation du célèbre chercheur n'est plus à faire et nous nous garderons de dire le bien que nous en pensons. Nous ne voulons à notre tour que joindre au dossier commun quelques pièces authentiques. La véritable histoire» de cette liaison, apparemment, ce n'est pas Elle et Lui, ce n'est pas davantage Lui et Elle; - et nous ne disons rien de Lui , qui fut l'eouvre d'une personne étrangère au débat et l'exercice de rancunes particulières—on ne saurait préparer avec trop de soin le difficile triomphe de la vérité. Mais, d'abord, adressons l'hommage de notre plus respectueuse gratitude à madame Lardin de Musset, la sœur du poète elle a mis à notre disposition tous les documents qu'elle possède. Il nous faut remercier aussi M. Alexandre Tattet, qui nous a communiqué les lettres adressées à son frère. * * * Alfred de Musset et George Sand se virent, pour la première fois, au mois d'avril ou de mai 1833. Ecrivant l'un et l'autre à la Revue des Deux Mondes , ils avaient naturellement l'occasion de se rencontrer; des amis communs, Sainte-Beuve surtout, firent le reste. Relations de courtoisie littéraire, d'abord Alfred de Musset envoyait des vers à George Sand, Après la lecture d'Indiana, datés du 24 juin 1833 ² puis, des fragments de son poème Rolla, qu'il écrivait en ce moment. Peu à peu, leur intimité devient plus grande, et George Sand adresse à Musset un exemplaire de Lelia portant ces dédicaces —Tome I— À monsieur mon gamin d'Alfred, GEORGE.» —Tome II— À monsieur le vicomte Alfred de Musset, hommage respectueux de son dévoué serviteur, GEORGE SAND.» Dans une pièce de vers demeurée inédite, Alfred décrit familièrement les soirées intimes de son amie George est dans sa chambrette Entre deux pots de fleurs, Fumant sa cigarette, Les yeux baignés de pleurs. Buloz, assis par terre, Lui fait de doux serments; Solange, par derrière, Gribouille ses romans. Planté comme une borne, Boucoiran ³ tout crotté Contemple d'une œil morne Musset tout débraillé. Dans le plus grand silence Paul, se versant du thé, Ecoute l'éloquence De Menard tout crotté. Planche, saoul de la veille, Est assis dans un coin Et se cure l'oreille Avec le plus grand soin... Débraillé ou non, Musset dessine sur un album la charge des habitués de la maison et prend la liberté d'outrager les beaux yeux noirs» en de nombreux croquis Je vous envoie cette ébauche pour voir si vos amis la reconnaîtront et si vous la reconnaîtrez vous-même...» À la fin du mois d'août, ils sont amants ⁴ Leur vie, durant cette période, est semblable à celle des peuples heureux et n'a pas d'histoire. Il suffit, à la rigueur, de lire ce qui est publié de la correspondance de George Sand et de Sainte-Beuve dans le tome 1er des Portraits contemporains , édition de 1888, et ce que Paul de Musset raconte dans la Biographie de son frère on devine le reste. On nous permettra de ne pas les suivre avant leur voyage en Italie. I VOYAGE EN ITALIE Le 12 décembre 1833, dans la soirée, Paul de Musset conduisit les deux voyageurs jusqu'à la malle-poste. Ils s'arrêtèrent à Lyon,—où ils rencontrèrent Stendhal,—à Avignon, Marseille ⁵ Genes, et le 28 ils se trouvaient à Florence. De cette ville, les dates précises nous sont fournies par le passeport d'Alfred de Musset Firenze, 28 Dic. 1833. Visto alla Legazione d'Austria per Venezia. Firenze, 28 Dic. 1833. Visto, buono per Bologna et Venezia. —G. MOLINARI. Visto, buono per Bologna.—DELLACÀ, 29 Dicembre 1833. Bologna, 29 Dic. 1833. Per la continuazione del suo viaggio, via di Ferrara. Francolino, 30 Dic. 1833. Visto sortire. Rovigo, 30 Dic. 1833. Buono per Padova. Vu au Consulat de France à Venise. Bon pour séjour. Venise, le 19 janvier 1834.—Le consul de France SILVESTRE DE SACY. Les divers incidents du voyage, qui du reste n'ont rien de particulier, sont racontés par George Sand dans son Histoire de ma Vie et par Paul de Musset dans la Biographie de son frère. À Gênes, George Sand avait senti les premières atteintes des fièvres du pays; son état ne fit que s'aggraver dans la suite du voyage, elle arriva malade
Venise 12 mai 1834Non, mon enfant chériCes trois lettres ne sont pasLe dernier serment de main de l'amant qui te quitteC'est l'embrassement du frère qui te
UNE VISITE AU DOCTEUR PAGELLO LA DÉCLARATION D’AMOUR DE GEORGE SAND Faudra-t-il nous résigner à n’avoir que la Confession d’un enfant du siècle et les trop discrètes expansions de Lélia ? Continuera-t-on à dérober à notre curiosité si fortement excitée cette correspondance des deux grands amoureux, dont l’un des deux au moins fut emporté dans le tourbillon de folie — jusqu’à la mort ? Et cependant, ne l’a-t-on pas, depuis quelques années, tant émiettée par menus fragments qu’il n’est plus de mystère que pour les profanes ? Au surplus, à défaut des confidences de Lui et des révélations d’Elle, n’avons-nous pas la confession, nous devrions dire la déposition d’un témoin, un témoin que les circonstances ont fait tout à coup passer du rôle de comparse à celui de premier sujet ? À notre sollicitation, le docteur Pagello, qui avait jusqu’alors gardé un silence obstiné, s’est départi de cette réserve dont nul ne l’avait pu faire sortir jusqu’à ces derniers temps. Il a consenti à parler. Après avoir fait connaître dans quelles circonstances[1] était née la liaison qui l’illustra et dont tout fier il se montre, il est allé plus avant dans la voie des aveux il a tenu à conter lui-même sa bonne fortune, et c’est avec empressement qu’il nous a fait accueil, il y a quelques semaines, quand nous nous sommes rendu à Bellune et que nous sommes allé frapper à la porte de la maison même qu’habite avec sa famille le docteur Pietro Pagello. Nous tenions à voir de près le héros de l’aventure dont nous avions conté les épisodes, et, après avoir reçu l’assurance que notre visite serait accueillie sans déplaisir, nous nous sommes fait présenter au vénérable octogénaire. C’est M. le docteur Just Pagello, médecin en chef de l’hôpital civil de Bellune, qui a bien voulu nous servir d’interprète en la circonstance. Notre tâche était particulièrement délicate nous ne parlions pas l’italien, et le docteur Pietro Pagello avait grande peine à comprendre le français. Heureusement son fils, le docteur Just Pagello, secondé par Mme Just Pagello, qui a été, en la circonstance, d’une amabilité et d’une bonne grâce toutes françaises, nous est venu en aide et nous a tiré d’embarras. Il fut tout de suite entendu que nous établirions une liste de questions qui seraient transmises par M. Pagello fils à son père dans leur traduction italienne. Le vieillard répondrait dans sa langue, et ses réponses devaient être à leur tour traduites en français à notre intention par M. le docteur Just Pagello. Après un moment d’attente dans un salon coquettement meublé, M. le docteur Just Pagello vient nous prévenir que son père nous expecte ». Notre connaissance, si imparfaite qu’elle soit, de la langue latine, un peu oubliée, nous permet de comprendre cette expression qui, de prime abord, nous avait surpris. Deux ou trois marches gravies, et nous nous trouvons de plain-pied, après avoir traversé une petite chambre où rien ne retient nos regards, dans le cabinet de travail du vieillard. Il est tout là-bas, blotti dans un des coins les plus reculés de la pièce, enfoncé dans un fauteuil sans style, d’où il se soulève à notre approche. De haute stature, mais voûtée par les ans, le docteur Pietro Pagello a conservé une verdeur qui n’accuse pas son âge. Mais on a peine à évoquer, devant ce masque sénile, le brillant cavalier des temps romantiques et romanesques. C’est avec une véritable effusion que nous accueille M. Pietro Pagello, qui parait flatté, malgré tout, de la recherche dont il est l’objet. Comme nous balbutions un remerciement, M. Pagello fils nous prévient que son père est tout à fait sourd, et qu’il sera préférable, comme il nous l’a proposé, de s’en tenir à une conversation par écrit. Nous acceptons ce mode d’interview, dont la nouveauté n’est pas pour nous déplaire, et, assis à la table qu’on nous désigne, nous établissons notre questionnaire. Ce qui nous préoccupe avant tout, c’est de connaitre l’impression de M. Pagello sur l’article que nous avons publié dans la Revue hebdomadaire un mois auparavant. Avons-nous bien interprété la pensée de celui qui nous a fait l’honneur d’une lecture que nous avons sue très attentive ? Nous cédons la parole à M. Pagello C’est un écrit d’honnête homme très proche de la vérité, et que j’ai trouvé pourvu d’une bienveillance dont je tiens à vous remercier mais certains détails vous ont échappé, et on ne saurait vous en vouloir, puisque vous ne les connaissez pas. Je vais donc, selon votre désir, compléter les renseignements que vous sollicitez. Mais ma mémoire, toute fidèle qu’elle soit, me servira peut-être mal ; c’est si loin, tout cela ! Vous voudrez bien excuser à ses défaillances. On a dit que j’avais conseillé le retour en France d’Alfred de Musset pour rester seul auprès de la Sand le docteur Pagello ne parle pas en d’autres termes de Mme Sand ; mais hâtons-nous de dire que cette expression n’a dans sa bouche aucun caractère injurieux. C’est une erreur absolue. C’est Alfred de Musset qui voulut, malgré mes conseils, joints aux prières de George Sand, s’embarquer pour la France, encore incomplètement remis et à peine convalescent d’une maladie à laquelle il avait failli succomber. Cette maladie avait été des plus sérieuses ; vous en jugerez quand vous saurez que c’était une typhoïdette sic, compliquée de délire alcoolique. Alfred de Musset, d’après moi, n’était pas un épileptique, ainsi que certains l’ont insinué ; les crises qu’il avait étaient des crises d’alcoolisme aigu ; c’était un fort buveur, et, comme il avait un système nerveux très surmené, l’usage des boissons spiritueuses a achevé de le détraquer… Quelle a été notre existence commune, à la Sand et à moi, après le départ de Musset, je vais essayer de vous le dire. Nous avons quitté presque tout de suite l’hôtel Danieli pour prendre un appartement à San Fantino, au centre de Venise, où nous installâmes notre ménage. Mon frère Robert, qui est mort il y a six ans, en 1890, habitait sous le même toit que nous. Il ne comprenait pas, lui qui ne cédait pas facilement aux emportements de la passion, comment j’avais pu m’éprendre de la Sand, peu séduisante à son gré ; il faut vous dire que George Sand était très amaigrie à cette époque. Dès que mon oncle connut ma liaison, il interdit à mon frère de rester plus longtemps avec nous. Et pourtant notre vie ne se passait pas qu’en plaisirs. George Sand travaillait, et travaillait beaucoup. Elle ne se permettait qu’une distraction, c’était la cigarette ; encore écrivait-elle tout en fumant. Elle fumait du tabac oriental et aimait à rouler elle-même ses cigarettes et les miennes. Peut-être était-ce pour elle une source d’inspiration, car elle s’interrompait pour suivre les spirales de la fumée, noyée dans sa rêverie. C’est pendant son séjour à Venise qu’elle a composé, sur cette table de jeu à laquelle je suis appuyé en ce moment, ses Lettres d’un voyageur, et aussi son roman de Jacques. Je lui ai été dans la circonstance d’un faible secours, et ma collaboration s’est bornée à peu de chose ; je lui ai fourni quelques renseignements sur l’histoire de Venise, sur les mœurs du pays, et je l’ai souvent accompagnée dans les cabinets de lecture et à la bibliothèque Marciana. Elle possédait bien notre langue, mais pas assez pour écrire dans des revues italiennes ; de fait, elle n’a jamais songé à y écrire. Elle avait assez à faire à composer sa copie » pour la Revue des Deux Mondes, car régulièrement elle envoyait ses feuillets à M. Buloz. Elle travaillait six à huit heures de suite, de préférence dans la soirée ; le plus souvent, le travail se prolongeait assez avant dans la nuit ; elle écrivait sans s’arrêter et sans faire de ratures. Les traits dominants du caractère de George Sand étaient la patience et la douceur, une douceur inaltérable ; elle ne se fâchait jamais et se montrait toujours satisfaite de son sort… Quand nous ne mangions pas au dehors, elle préparait elle-même les repas. C’était d’ailleurs une cuisinière émérite, qui excellait dans la confection des sauces ; elle aimait beaucoup le poisson ; aussi était-ce un plat qui figurait souvent sur notre table. Elle digérait, au reste, très bien toutes sortes d’aliments, n’étant jamais malade, sauf des gastralgies sans gravité ; je n’ai pas eu à lui prescrire de médicaments. Je ne dois pas oublier de vous faire connaître un talent particulier de George Sand elle dessinait admirablement, mais c’était surtout dans la charge qu’elle se plaisait. Ses caricatures étaient des plus drolatiques ; elle vous croquait une personne en deux coups de crayon, alors même qu’elle ne l’avait vue qu’une seule fois. Ma fille aînée a gardé quelques-uns de ces dessins qu’elle pourra vous montrer… George Sand buvait beaucoup de thé pour s’exciter, au travail… » Ce disant, le vieillard se penche vers une armoire vitrée, à laquelle son fauteuil se trouve adossé, en retire une tasse à larges bords, de contours élégants, munie de sa soucoupe, d’une profondeur inusitée. Cette tasse présente cette particularité qu’elle semble être d’étain fin, alors qu’au toucher il est aisé de reconnaître que la matière qui la constitue est une poterie vernissée, une de ces terres à reflets stannifères comme on en fabrique, nous a-t-on assuré depuis, dans les environs de Venise. Après l’avoir considérée avec attention, nous la restituons à M. Pagello, qui nous prie de la conserver, en souvenir de notre entrevue. De tout le service, il ne me reste plus que quatre tasses », nous dit le vieillard, qui veut sans doute nous témoigner de la sorte quelle valeur il attache à son cadeau ; nous l’en remercions d’autant plus vivement et le prions, pour mettre le comble à sa gracieuseté, d’accompagner son don de quelques lignes qui lui serviront comme de certificat d’origine. D’une écriture un peu tremblée, le docteur Pagello trace ces caractères All’ Egregio Dr Cabanès, In renovia della visita che mi pouste oggi, à Belluno, si offro questa tassa, della quale molte volte la Sand ha forbitto il the quando abitava con me a Venezia Belluna, 4 7bre 1896. Pietro Pagello. » Ce qu’il est aisé de traduire En souvenir de la visite que vous m’avez faite ici, à Bellune, je vous offre cette tasse, dans laquelle bien des fois la Sand a bu le thé, quand elle habitait avec moi à Venise. Bellune, 4 septembre 1896. Pietro Pagello. » Mais reprenons le récit de M. Pagello. En quittant Venise, poursuit notre interlocuteur, George Sand et moi sommes allés à Vérone, puis au lac de Garde, à Milan, et de là à Genève. Nous sommes restés très peu de temps en ces divers endroits, et nous sommes arrivés dans la capitale dans les premiers jours du mois d’août. Nous nous sommes séparés dès notre arrivée. Je n’ai voulu, sous aucun prétexte, accepter l’hospitalité qui m’était offerte. J’ai peu fréquenté le monde littéraire durant mon court séjour à Paris. En fait de gens de lettres, je ne me rappelle avoir vu que Gustave Planche et Buloz ; vous êtes surpris que je ne me sois pas rencontré avec d’autres écrivains ? Mais c’était la saison des vacances, et ils étaient à peu près tous à la campagne. Quant à Musset, je lui ai rendu plusieurs fois visite ; j’en ai toujours reçu un accueil des plus courtois, mais dépourvu de toute expansion cordiale. Je n’ai conservé de rapports qu’avec un Français, un ami de Musset, M. Alfred Tattet, un original s’il en fut, très amateur de vin de Chypre, dont il se faisait tous les ans envoyer d’Italie un tonnelet ; enfin un bon vivant, comme vous dites en France. Nous avons échangé pas mal de lettres, mais je ne sais dans quel coin elles peuvent se trouver aujourd’hui, j’ignore si je les ai même conservées. J’habitai à Paris, rue des Petits-Augustins, à l’hôtel d’Orléans. Je passais mes matinées dans les hôpitaux. J’ai suivi les services de Lisfranc, d’Amussat, de Broussais, qui avait à l’époque une vogue extraordinaire. J’ai à peine vu Mme Sand ; elle m’avait fait inviter par le précepteur de ses enfants, M. Boucoiran, à aller passer quelques jours à Nohant. J’ai refusé l’invitation et j’ai préféré regagner l’Italie. Depuis mon retour dans ce pays, je n’ai plus reçu la moindre nouvelle de la Sand. J’étais au courant de ses succès littéraires par les journaux, et c’était tout… J’ai appris sa mort tout à fait par hasard, mais je n’en ai pas été directement avisé… » J’étais adolescent, nous dit à son tour, intervenant dans la conversation, M. le docteur Pagello fils, lorsque les journaux firent connaitre la mort de la Sand. Je me souviens très bien que mon père accomplit, comme à son ordinaire, les devoirs de sa profession et qu’il accueillit la nouvelle avec la plus complète indifférence. Il parla en famille de cette femme comme s’il l’eût à peine connue un demi-siècle s’était écoulé sans une lettre, sans un salut. Ce fut l’assurance de la mort d’une bohémienne sic, que mon père, au sein de sa famille, recordait c’est-à-dire dont mon père évoquait le souvenir… Le passé était mort, bien avant la mort de la Sand ! Tenez, laissons cela et quittons ce sujet de conversation. Voulez-vous que je fasse passer sous vos yeux les quelques objets de curiosité que nous possédons… Avant de quitter cette pièce, il faut que je vous montre un objet qui a un caractère, comment dirais-je ? historique. C’est une tasse en porcelaine de Sèvres, qui a une origine assez curieuse et que je veux vous conter. Le prince de Rohan campait avec les Autrichiens dans une propriété de mon grand-père, à deux milles de Castelfranco. Survient Masséna avec ses troupes. Les Autrichiens n’eurent que le temps de battre en retraite, sans pouvoir enlever les campements. Le lendemain, un paysan au service de mon grand-père lui rapportait la tasse que voici, qu’il avait trouvée sous la tente du prince, et qui contenait encore des débris du chocolat que le seigneur français était en train de prendre au moment où il avait été surpris par les troupes de Masséna. Les tableaux que vous voyez là ont aussi leur prix voici un tableau de Tempesta, deux aquarelles de Bisson, une tête de Schidone. Le reste ne vaut pas une mention. À ce propos, je voudrais bien que vous m’aidiez à détruire une légende Dans une des lettres de G. Sand à Alfred de Musset, qu’a publiées la Revue de Paris, la romancière prétend qu’elle avait soumis à un expert les tableaux que mon père avait apportés en France ; que ces tableaux, de l’avis de l’expert, ne valaient rien, mais qu’elle en avait néanmoins offert à mon père la somme de deux mille francs, ajoutant le procédé de lui cacher le secours qu’elle lui apportait ». Mon père a protesté, aussitôt qu’il a connu le fait, et nous ne cesserons de protester toutes les fois qu’on le rééditera. Je tiens de mon oncle défunt que ces toiles, sans être des Raphaël, étaient loin d’être des œuvres médiocres. Elles étaient signées du peintre Ortesiti, un maître. D’ailleurs, mon père avait beaucoup de relations dans le monde des artistes ; ses goûts s’étaient développés dans ce milieu, et il passait pour un connaisseur. Vous ne doutez pas que, dans ces conditions, il se fût bien gardé d’emporter avec lui des croûtes, dont il n’aurait pu tirer aucun parti. Il revenait ruiné, sa clientèle l’avait quitté, il lui fallait recommencer une nouvelle existence, c’était assez de déboires comme cela !… Sachez bien que les relations de mon père avec George Sand ont été un épisode dans sa vie, et rien de plus. George Sand, fatiguée des étrangetés d’Alfred de Musset, s’était donnée sans réserve à mon père, qui était jeune, aux larges épaules, intelligent, un vrai beau, brave et bon garçon. Mon père aimait la jolie étrangère pour son génie, sa bonté, et, sans en être aux nuages, il en était fort épris. Mais tout cela fut vite oublié. Une fois rentré en Italie, mon père reprit aussitôt ses occupations professionnelles. Il n’eut pas de mal à vite reconquérir sa clientèle. Son habileté, surtout comme chirurgien, était depuis longtemps établie ancien élève du célèbre Scarpa et du chirurgien Rima, ex-médecin principal de la grande armée de Napoléon, il avait de qui tenir. Mon père fut un des premiers à introduire en Italie la lithotripsie qu’il avait vu pratiquer par Lisfranc, la cystotomie périnéale, et il acquit une véritable réputation comme accoucheur. Il y a huit ans tout au plus qu’il a cessé d’exercer. Jusqu’alors, il a fait son service à l’hôpital de Bellune avec la plus scrupuleuse régularité. Il ne s’est jamais désintéressé des progrès de la science, et, dans les rares loisirs que lui laissait l’exercice de son art, il s’occupait de géologie, de paléontologie, de conchyliologie et de pisciculture. Mais il a toujours eu une prédilection marquée pour la littérature. Actuellement il se tient au courant de tout ce qui se publie et lit plusieurs heures par jour les revues, les journaux, les ouvrages nouveaux. Et il lit sans lunettes, malgré ses quatre-vingt-dix ans ! Il écrit moins qu’autrefois, bien qu’il consigne encore ses réflexions et ses pensées sur le papier. Jadis il a composé un mémorial, sorte d’acte de contrition d’un bon enfant bien repenti sic, qui déplore ses péchés de jeunesse. Mais ni les événements dont il est parlé, ni les personnages n’y sont en aucune façon précisés. Nous conservons encore un ouvrage manuscrit de mon père, qui contient de nombreuses poésies, des œuvres de moralité, des souvenirs de voyage, de la sociologie, de l’économie domestique, etc. Ce livre est dédié à ses fils et à ses neveux ; aucun fragment n’en sera livré à la publicité de son vivant. Je feuilletais un jour ce volumineux manuscrit, quand il s’en échappa un papier qui tomba à terre et que je m’empressai de ramasser. C’était un portrait de George Sand, admirablement fait. Je n’ai pu le retrouver depuis, malgré toutes mes recherches. » Le nom de George Sand revenant fort opportunément dans la conversation, nous en profitons pour poser une question qui nous brûle depuis longtemps les lèvres. Y a-t-il une correspondance de George Sand avec Pietro Pagello ? Cette correspondance comprend-elle beaucoup de lettres ? Quand et par qui seront-elles publiées ? Il est certain, nous répond M. Just Pagello, qu’il y a eu bon nombre de lettres échangées entre mon père et Mme Sand, mais mon père nous a toujours assuré qu’il les avait brûlées, sauf trois, les plus intéressantes, du reste. C’est un publiciste italien, ami de mon père, M. Antonio Caccianiga, et non pas M. Zanardelli, comme on l’a prétendu, qui est chargé de cette publication posthume, car mon père exige qu’elles ne soient pas publiées de son vivant. Nous sommes bien décidés à respecter à cet égard sa volonté. Outre ces trois lettres, il y a la déclaration d’amour adressée par George Sand à mon père, à l’hôtel Danieli, et dont vous m’avez demandé à obtenir la communication. Eh bien, je vais vous apprendre une bonne nouvelle. J’ai pu enfin vaincre les résistances de mon père, qui veut bien faire une exception en votre faveur. Votre qualité de médecin n’est pas étrangère à sa détermination, vous avez su gagner sa confiance et, je dois ajouter, sa sympathie. C’est donc avec son agrément que je vous autorise à prendre copie de cette lettre de George Sand. Elle est fixée sur les feuillets d’un album qui appartient à ma tante ; mon père l’avait donnée à sa sœur sous la réserve expresse qu’elle ne la laisserait jamais copier, ni, à plus forte raison, publier. Vous pouvez être assuré que le morceau est inédit. » La lettre, dont l’original est placé sous nos yeux, porte ce titre énigmatique En Morée. N’est-il pas vraisemblable que George Sand ait voulu mettre En Amore, et que dans sa précipitation, peut-être aussi par suite de sa connaissance imparfaite de la langue italienne, elle ait mal écrit la légende qui devait servir, dans sa pensée, d’épigraphe à sa déclaration ? Ce n’est, hâtons-nous de le dire, qu’une hypothèse, et nous en sommes réduit sur ce point aux conjectures. En tête de l’autographe nous relevons ces lignes d’une autre écriture que l’autographe lui-même Venezio, 10 juglio 1834. Pietro Pagello ad Antonietta Segato dona questo manuscritto di Giorgio Sand. Pietro Pagello a donné ce manuscrit de George Sand à Antonietta Segato. » Voici maintenant la maîtresse page qu’il nous est permis de verser à l’histoire des Lettres  En Morée. Nés sous des cieux différents, nous n’avons ni les mêmes pensées ni le même langage ; avons-nous du moins des cœurs semblables ? Le tiède et brumeux climat d’où je viens m’a laissé des impressions douces et mélancoliques le généreux soleil qui a bruni ton front, quelles passions t’a-t-il données ? Je sais aimer et souffrir, et toi, comment aimes-tu ? L’ardeur de tes regards, l’étreinte violente de tes bras, l’audace de tes désirs me tentent et me font peur. Je ne sais ni combattre ta passion ni la partager. Dans mon pays on n’aime pas ainsi ; je suis auprès de toi comme une pâle statue, je te regarde avec étonnement, avec désir, avec inquiétude. Je ne sais pas si tu m’aimes vraiment. Je ne le saurai jamais. Tu prononces à peine quelques mots dans ma langue, et je ne sais pas assez la tienne pour te faire des questions si subtiles. Peut-être est-il impossible que je me fasse comprendre quand même je connaîtrais à fond la langue que tu parles. Les lieux où nous avons vécu, les hommes qui nous ont enseignés, sont cause que nous avons sans doute des idées, des sentiments et des besoins, inexplicables l’un pour l’autre. Ma nature débile et ton tempérament de feu doivent enfanter des pensées bien diverses. Tu dois ignorer ou mépriser les mille souffrances légères qui m’atteignent, tu dois rire de ce qui me fait pleurer. Peut-être ne connais-tu pas les larmes. Seras-tu pour moi un appui ou un maître ? Me consoleras-tu des maux que j’ai soufferts avant de te rencontrer ? Sauras-tu pourquoi je suis triste ? Connais-tu la compassion, la patience, l’amitié ? On t’a élevé peut-être dans la conviction que les femmes n’ont pas d’âme. Sais-tu qu’elles en ont une ? N’es-tu ni chrétien ni musulman, ni civilisé ni barbare ; es-tu homme ? Qu’y a-t-il dans cette mâle poitrine, dans cet œil de lion, dans ce front superbe ? Y a-t-il en toi une pensée noble et pure, un sentiment fraternel et pieux ? Quand tu dors, rêves-tu que tu voles vers le ciel ? Quand les hommes te font du mal, espères-tu en Dieu ? Serai-je ta compagne ou ton esclave ? Me désires-tu ou m’aimes-tu ? Quand ta passion sera satisfaite, sauras-tu me remercier ? Quand je te rendrai heureux, sauras-tu me le dire ? Sais-tu ce que je suis, et t’inquiètes-tu de ne pas le savoir ? Suis-je pour toi quelque chose d’inconnu qui te fait chercher et songer, ou ne suis-je à tes yeux qu’une femme semblable à celles qui engraissent dans les harems ? Ton œil, où je crois voir briller un éclair divin, n’exprime-t-il qu’un désir semblable à celui que ces femmes apaisent ? Sais-tu ce que c’est que le désir de l’âme que n’assouvissent pas les temps, qu’aucune caresse humaine n’endort ni ne fatigue ? Quand ta maîtresse s’endort dans tes bras, restes-tu éveillé à la regarder, à prier Dieu et à pleurer ? Les plaisirs de l’amour te laissent-ils haletant et abruti, ou te jettent-ils dans une extase divine ? Ton âme survit-elle à ton corps, quand tu quittes le sein de celle que tu aimes ? Oh ! quand je te verrai calme, saurai-je si tu penses ou si tu te reposes ? Quand ton regard deviendra languissant, sera-ce de tendresse ou de lassitude ? Peut-être penses-tu que tu ne connais pas[2]…, que je ne te connais pas. Je ne sais ni ta vie passée, ni ton caractère, ni ce que les hommes qui te connaissent pensent de toi. Peut-être es-tu le premier, peut-être le dernier d’entre eux. Je t’aime sans savoir si je pourrai t’estimer, je t’aime parce que tu me plais, peut-être serai-je forcée de te haïr bientôt. Si tu étais un homme de ma patrie, je t’interrogerais et tu me comprendrais. Mais je serais peut-être plus malheureuse encore, car tu me tromperais. Toi du moins ne me tromperas pas, tu ne me feras pas des vaines promesses et des faux serments. Tu m’aimeras comme tu sais et comme tu peux aimer. Ce que j’ai cherché en vain dans les autres, je ne le trouverai peut-être pas en toi, mais je pourrai toujours croire que tu le possèdes. Les regards et les caresses d’amour qui m’ont toujours menti, tu me les laisseras expliquer à mon gré, sans y joindre de trompeuses paroles. Je pourrai interpréter ta rêverie et faire parler éloquemment ton silence. J’attribuerai à tes actions l’intention que je te désirerai. Quand tu me regarderas tendrement, je croirai que ton âme s’adresse à la mienne ; quand tu regarderas le ciel, je croirai que ton intelligence remonte vers le foyer éternel dont elle émane. Restons donc ainsi, n’apprends pas ma langue, je ne veux pas chercher dans la tienne les mots qui te diraient mes doutes et mes craintes. Je veux ignorer ce que tu fais de ta vie et quel rôle tu joues parmi les hommes. Je voudrais ne pas savoir ton nom, cache-moi ton âme que je puisse toujours la croire belle. » Cet hymne inspiré, cette brûlante invocation avait été improvisée en moins d’une heure par George Sand, en présence même du docteur, tandis qu’à leurs côtés reposait, dans un sommeil léthargique, le poète qu’agitaient les convulsions de la fièvre. La légende veut, et c’est une légende que ne contredit pas la vérité, que George Sand ait remis le dithyrambe enflammé sous enveloppe, sans suscription ; que le destinataire ait simulé la surprise, et que, lui arrachant la lettre des mains, George Sand ait elle-même mis l’adresse Au stupide Pagello. Stupide ? à dire vrai, il ne l’était point, mais il jouait ce rôle », nous écrivait récemment le fils de Pagello. N’était-ce pas, ajoute-t-il, non sans finesse, le meilleur parti que mon père pouvait prendre, par prudence ? Mot profond et qui fait naître combien de réflexions !… Dr CABANÈS. ↑ Nous les avons rapportées dans notre article de la Revue hebdomadaire du Ier août dernier Un roman vécu à trois personnages, Alfred de Musset, George Sand et le docteur Pagello » ↑ Le manuscrit original est coupé à cet endroit, ainsi que nous avons pu nous en assurer de visu ; mais il ne nous a pas semblé que ce fût une mutilation volontaire. A. C.

BookQuotes "Correspondance de george sand et d'alfred de musset". E-books are complementary and supportive of paper books and never cancel it. With the click of a button, the e-book reaches anyone, anywhere in the world. E-books may weaken your eyesight due to the glare of the screen. Support the book publisher by purchasing his original paper

3 xxxv, 269 p., 1 l. 19 cm NotesOrange page is a blank page. Addeddate 2011-01-19 172031 Associated-names Rocheblave, Samuel, 1854-1944; Musset, Alfred de, 1810-1857; Sainte-Beuve, Charles Augustin, 1804-1869 Call number PQ 2412 .A4M8 1897 Camera Canon 5D External-identifier urnoclcrecord797045394 Foldoutcount 0 Identifier lettresalfredd00sand Identifier-ark ark/13960/t03x92z76 Lccn 19001140 Ocr ABBYY FineReader Openlibrary_edition OL24593614M Openlibrary_work OL15658636W comment Reviews There are no reviews yet. Be the first one to write a review.
Chere) élève de 4è, voici la vidéo de lecture de la lettre de George Sand à Alfred de Musset. Regarde-la puis remplis le formulaire en cliquant sur ce lien .

‎Lot de 95 albums de disques 33 tours avec des enregistrements de pièces de théâtre extraits et autres oeuvres littéraires, du moyen-âge, XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIX et XXe siècles. Liste des albums de disques contenus dans cet ensemble, généralement édités par l'Encyclopédie Sonore Hachette, sauf mention William Shakespeare - drames et tragédies romaines ; comédies ; tragédies ; la tragédie du roi Richard II , par le ; 400e anniversaires de la naissance de William Shakespeare l'avant-scène théâtre ; Daniel Sorano Shylock ou le marchand de Venise disques Adès ; compte des mille et une nuits ; le roman de renart, par Bourvil Emidisc ; la chanson de Roland ; le roman de renard par D. Sorano, Georges Wilson, etc. ; Chartres Decca ; François Villon par Serge Reggiani et Pierre de Ronsard par André Reybaz disques Adès ; François Villon, poèmes dits par Alain Cuny disque Festival ; Rabelais, extraits de Gargantua et Pantagruel , Montaigne, Les Essais extraits ; Poètes du XVIe siècle anthologie sonore de la Pléiade ; Rabelais, les mirifiques aventures de Grangousier, Gargantua et Pantagruel, par Jacques Fabbri, Michel Galabru et Claude Pieplu éditions Lucien Adès ; Cervantès, les aventures de Don Quichotte de la Manche, par Gérard Philipe et Jacques Fabbri Petit Ménestrel ; Blaise Pascal, pensées dites par Pierre Fresnay Festival ; Visages de Pascal ; Madame de Sévigné, ses plus belles lettres Véga ; le monde musical de Racine ; Corneille, Cinna disques Pléiade ; Rodogune SSB sélections sonores Bordas ; Nicomède SSB ; Racine, Les Plaideurs ; La Fontaine, Fables Choisies mises en vers, premier fablier + deuxième fablier + troisième fablier ; Visages de La Fontaine, par les comédiens du théâtre national populaire ; Racine, Les Plaideurs ; Racine, Esther ; Molière, Le médecin malgré lui, par Fernandel Decca ; Dom Juan, par la Comédie-Française , Georges Descrières et Jacques Charon EMI ; Georges Dandin Adès ; l'étourdi ou les contre-temps Lumen ; le médecin malgré lui, par la Comédie-Française la voix de son maître ; aimer Molière, par la Comédie-Française EMI ; Molière en 1930, par la Comédie-Française EMI ; le malade imaginaire, par la Comédie-Française EMI ; les précieuses ridicules ; le médecin malgré lui SSB ; les précieuses ridicules SSB ; Rousseau, Les Confessions, par Pierre Fresnay ; Goethe, Werther ; Voltaire, Extraits ; Marivaux, les fausses confidences pat Madeleine Renaud et Barrault ; Diderot, le neveu de Rameau, par Pierre Fresnay l'Avant-Scène ; Lesage, scènes de la vie de Gil Blas ; Musset, les caprices de Marianne SSB ; théâtre romantique ; Lamartine, textes réunis ; Musset, Pages choisies Poésies + comédies et proverbes + confession d'un enfant du siècle ; Gérard Philipe joue Musset extraits - disques Adès ; Émile Zola, pages choisies ; Alfred de Vigny, pages choisies ; Victor Hugo, pages choisies ; Hernani SSB ; Ecce Homo ; Les pauvres gens disques Pléiade ; Hugo, Pauca Meae ; Les Misérables Petit Ménestrel ; Chateaubriand témoin de l'histoire, textes réunis ; Flaubert, Madame Bovary Pléiade ; Rimbaud ; Baudelaire ; Verlaine Rimbaud Adès ; Mérimée, Colomba ; Hector Malot, Sans famille Philips ; Théophile Gautier, le capitaine Fracasse ; Scènes de la vie de Pasteur ; George Sand, La mare au diable ; Maupassant, Le parapluie ; Flaubert, un coeur simple ; Anatole France, Pages choisies ; Mussy, vigny , par Michel Vitold et Francis Huster Adès ; Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, dits par Jean Desailly et jean Vilar Adès ; Paul Valéry, Stéphane Mallarmé, dits par Jean Vilar et Pierre Bertin Adès ; Hugo dit par Georges Wilson et Lamartine dit par Jean Topart Adès ; Les cinq sous de Lavarède Musidisc ; Walter Scott, Ivanhoé ; Visages de Mérimée ; Proust, pages choisies ; Saint-Exupéry, pages choisies ; Le Petit Prince avec Trintignant, Grand prix Charles Cros 1971 - Philips ; Charles Péguy, textes choisis Adès ; Romain Rolland, Pages choisies ; Paul Claudel, pages choisies ; Roger Martin du Gard, Pages choisies ; Paul Valéry, Pages choisies ; Charles Péguy, Pages choisies ; Rosny, La Guerre du Feu ; Le Petit Prince par Gérard Philippe, Disques Festival ; Saint-Exupéry Disques Festival, Grand prix du disque Charles Cros 1955 ; Charles Péguy, cinq prières dans la cathédrale de Chartres Grand Prix charles Cros 1962 ; Proust, Une soirée dans le monde Decca ‎ ‎95 albums 33 tours des années 1955 à 1980s, répartis en 9 boîtiers à disques de 34x34x5,5 cm chacun. Liste des albums de disques contenus dans cet ensemble, généralement édités par l'Encyclopédie Sonore Hachette, sauf mention William Shakespeare - drames et tragédies romaines ; comédies ; tragédies ; la tragédie du roi Richard II , par le ; 400e anniversaires de la naissance de William Shakespeare l'avant-scène théâtre ; Daniel Sorano Shylock ou le marchand de Venise disques Adès ; compte des mille et une nuits ; le roman de renart, par Bourvil Emidisc ; la chanson de Roland ; le roman de renard par D. Sorano, Georges Wilson, etc. ; Chartres Decca ; François Villon par Serge Reggiani et Pierre de Ronsard par André Reybaz disques Adès ; François Villon, poèmes dits par Alain Cuny disque Festival ; Rabelais, extraits de Gargantua et Pantagruel , Montaigne, Les Essais extraits ; Poètes du XVIe siècle anthologie sonore de la Pléiade ; Rabelais, les mirifiques aventures de Grangousier, Gargantua et Pantagruel, par Jacques Fabbri, Michel Galabru et Claude Pieplu éditions Lucien Adès ; Cervantès, les aventures de Don Quichotte de la Manche, par Gérard Philipe et Jacques Fabbri Petit Ménestrel ; Blaise Pascal, pensées dites par Pierre Fresnay Festival ; Visages de Pascal ; Madame de Sévigné, ses plus belles lettres Véga ; le monde musical de Racine ; Corneille, Cinna disques Pléiade ; Rodogune SSB sélections sonores Bordas ; Nicomède SSB ; Racine, Les Plaideurs ; La Fontaine, Fables Choisies mises en vers, premier fablier + deuxième fablier + troisième fablier ; Visages de La Fontaine, par les comédiens du théâtre national populaire ; Racine, Les Plaideurs ; Racine, Esther ; Molière, Le médecin malgré lui, par Fernandel Decca ; Dom Juan, par la Comédie-Française , Georges Descrières et Jacques Charon EMI ; Georges Dandin Adès ; l'étourdi ou les contre-temps Lumen ; le médecin malgré lui, par la Comédie-Française la voix de son maître ; aimer Molière, par la Comédie-Française EMI ; Molière en 1930, par la Comédie-Française EMI ; le malade imaginaire, par la Comédie-Française EMI ; les précieuses ridicules ; le médecin malgré lui SSB ; les précieuses ridicules SSB ; Rousseau, Les Confessions, par Pierre Fresnay ; Goethe, Werther ; Voltaire, Extraits ; Marivaux, les fausses confidences pat Madeleine Renaud et Barrault ; Diderot, le neveu de Rameau, par Pierre Fresnay l'Avant-Scène ; Lesage, scènes de la vie de Gil Blas ; Musset, les caprices de Marianne SSB ; théâtre romantique ; Lamartine, textes réunis ; Musset, Pages choisies Poésies + comédies et proverbes + confession d'un enfant du siècle ; Gérard Philipe joue Musset extraits - disques Adès ; Émile Zola, pages choisies ; Alfred de Vigny, pages choisies ; Victor Hugo, pages choisies ; Hernani SSB ; Ecce Homo ; Les pauvres gens disques Pléiade ; Hugo, Pauca Meae ; Les Misérables Petit Ménestrel ; Chateaubriand témoin de l'histoire, textes réunis ; Flaubert, Madame Bovary Pléiade ; Rimbaud ; Baudelaire ; Verlaine Rimbaud Adès ; Mérimée, Colomba ; Hector Malot, Sans famille Philips ; Théophile Gautier, le capitaine Fracasse ; Scènes de la vie de Pasteur ; George Sand, La mare au diable ; Maupassant, Le parapluie ; Flaubert, un coeur simple ; Anatole France, Pages choisies ; Mussy, vigny , par Michel Vitold et Francis Huster Adès ; Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, dits par Jean Desailly et jean Vilar Adès ; Paul Valéry, Stéphane Mallarmé, dits par Jean Vilar et Pierre Bertin Adès ; Hugo dit par Georges Wilson et Lamartine dit par Jean Topart Adès ; Les cinq sous de Lavarède Musidisc ; Walter Scott, Ivanhoé ; Visages de Mérimée ; Proust, pages choisies ; Saint-Exupéry, pages choisies ; Le Petit Prince avec Trintignant, Grand prix Charles Cros 1971 - Philips ; Charles Péguy, textes choisis Adès ; Romain Rolland, Pages choisies ; Paul Claudel, pages choisies ; Roger Martin du Gard, Pages choisies ; Paul Valéry, Pages choisies ; Charles Péguy, Pages choisies ; Rosny, La Guerre du Feu ; Le Petit Prince par Gérard Philippe, Disques Festival ; Saint-Exupéry Disques Festival, Grand prix du disque Charles Cros 1955 ; Charles Péguy, cinq prières dans la cathédrale de Chartres Grand Prix charles Cros 1962 ; Proust, Une soirée dans le monde Decca ‎ ‎Etat très satisfaisant des mentions d'ex libris ms. sur certains albums, bon état par ailleurs. Prix pour l'ensemble. Un ensemble peu courant, avec des interprétations notamment par la Comédie Française ou le Théâtre National Populaire Au total, 18 albums relatifs au moyen-âge et au XVIe, 25 relatifs au XVIIe, 6 au XVIIIe, 32 au XIXe et 14 au XXe. Poids total de 33 Kg‎

Écouteret télécharger le livre audio gratuit : La Confession d’un enfant du siècle par Alfred (de) MUSSET . Format MP3 | Durée : 9 h 45 min. PREMIÈRE SÉRIEParis — 1833 LETTRE N° 1.[1] Madame, je prends la liberté de vous envoyer quelques vers que je viens d’écrire en relisant un chapitre d’Indiana, celui où Noun reçoit Raymond dans la chambre de sa maitresse. Leur peu de valeur m’aurait fait hésiter à les mettre sous vos yeux, s’ils n’étaient pour moi une occasion de vous exprimer le sentiment d’admiration sincère et profonde qui les a inspirés. Agréez, madame, l’assurance de mon respect. Alf. de Musset. COMPLÉMENT DE LA LETTRE N°1 Sand, quand tu l’écrivais, où donc l’avais-tu vue Cette scène terrible où Noun à demi nue Sur le lit d’Indiana s’enivre avec Raymond ? Qui donc te la dictait, cette page brûlante Où l’amour cherche en vain d’une main palpitante Le fantôme adoré de son illusion ? En as-tu dans le cœur la triste expérience ? Ce qu’éprouve Raymond, te le rappellais-tu ? Et tous ces sentiments d’une vague souffrance, Ces plaisirs sans bonheur, si pleins d’un vide immense, As-tu rêvé cela, George, ou l’as-tu connu ? N’est-ce pas le Réel dans toute sa tristesse Que cette pauvre Noun, les yeux baignés de pleurs, Versant à son ami le vin de sa maîtresse, Croyant que le bonheur c’est une nuit d’ivresse Et que la volupté, c’est le parfum des fleurs ? Et cet être divin, cette femme angélique Que dans l’air embaumé Raymond voit voltiger, Cette frêle Indiana dont la forme magique Erre sur les miroirs comme un spectre léger, Ô George ! n’est-ce pas la pâle fiancée Dont l’Ange du désir est l’immortel amant ? N’est-ce pas l’Idéal, cette amour insensée Qui sur tous les amours plane éternellement ? Ah, malheur à celui qui lui livre son âme ! Qui couvre de baisers sur le corps d’une femme Le fantôme d’une autre, et qui, sur la beauté. Veut boire l’idéal dans la réalité ! Malheur à l’imprudent qui, lorsque Noun l’embrasse Peut penser autre chose en entrant dans son lit, Sinon que Noun est belle et que le Temps qui passe, A compté sur ses doigts les heures de la nuit ! Demain viendra le jour, demain, désabusée, Noun, la fidèle Noun, par sa douleur brisée, Rejoindra sous les eaux l’ombre d’Ophélia. Elle abandonnera celui qui la méprise ; Et le cœur orgueilleux qui ne l’a pas comprise Aimera l’autre en vain — n’est-ce pas, Lélia ? 24 juin 1833. LETTRE N° 2. Voilà, madame, le fragment que vous désirez lire et que je suis assez heureux pour avoir retrouvé, en partie dans mes papiers, en partie dans ma mémoire. Soyez assez bonne pour faire en sorte que votre petit caprice de curiosité ne soit partagé par personne.[2] Votre bien dévoué serviteur, Alfd de Musset. Mardi. LETTRE N° 3. Votre aimable lettre a fait bien plaisir, madame, à une espèce d’idiot entortillé dans de la flanelle comme une épée de bourgmestre. Il vous remercie bien cordialement de votre souvenir pour une sottise qui n’en valait pas la peine et dont il est bien fâché de vous avoir rendu témoin[3]. Que vous ayez le plus tôt possible la fantaisie de perdre une soirée avec lui, c’est ce qu’il vous demande surtout. Votre bien dévoué, Alfd de Mt. LETTRE N° 4. Je suis obligé, madame, de vous faire le plus triste aveu ; je monte la garde mardi prochain ; tout autre jour de la semaine, ou, ce soir même, si vous étiez libre, je suis tout à vos ordres et reconnaissant des moments que vous voulez bien me sacrifier. Votre maladie n’a rien de plaisant, quoique vous ayez envie d’en rire. Il serait plus facile de vous couper une jambe que de vous guérir. Malheureusement on n’a pas encore trouvé de cataplasme à poser sur le cœur. Ne regardez pas trop la lune, je vous en prie, et ne mourez pas avant que nous n’ayons exécuté ce beau projet de voyage dont nous avons parlé. Voyez quel égoïste je suis ; vous dites que vous avez manqué d’aller dans l’autre monde ; je ne sais vraiment pas trop ce que je fais dans celui-ci. Tout à vous de cœur. Alfd de Mt. Lundi. LETTRE N° 5. J’ai reçu Lélia. — Je vous en remercie, et bien que j’eusse résolu de me conserver cette jouissance pour la nuit, il est probable que j’aurai tout lu avant de retourner au corps de garde. Si après avoir raisonnablement trempé vos doigts dans l’encre, vous vous couchez prosaïquement, je souhaite que Dieu vous délivre de votre mal de tête. — Si vous avez réellement l’idée d’aller vous percher sur les tours de Notre-Dame[4], vous serez la meilleure femme du monde, si vous me permettez d’y aller avec vous. Pourvu que je rentre à mon poste le matin, je puis disposer de ma veillée patriotique. Répondez-moi un mot, et croyez à mon amitié sincère. Alfd de Mt. LETTRE N° 6. Vous êtes bien bonne et bien aimable de penser à moi ; je m’aperçois que le porteur de votre lettre s’est exalté sur la route, en sorte que, de peur de méprise, je prends la précaution du papier pour vous dire que je suis parfaitement libre, et que je vous remercie de votre aimable invitation. Votre bien dévoué serr, Alfd de Mt. Sans date. LETTRE N° 7. Éprouver de la joie à la lecture d’une belle chose faite par un autre, est le privilège d’une ancienne amitié. — Je n’ai pas ces droits auprès de vous, madame, il faut cependant que je vous dise que c’est là ce qui m’est arrivé en lisant Lélia. — J’étais, dans ma petite cervelle, très inquiet de savoir ce que c’était. Cela ne pouvait pas être médiocre, mais enfin ça pouvait être bien des choses avant d’être ce que cela est. Avec votre caractère, vos idées, votre nature de talent, si vous eussiez échoué là, je vous aurais regardée comme valant le quart de ce que vous valez. Vous savez que malgré tout votre cher mépris pour vos livres, que vous regardez comme des espèces de contre-partie des mémoires de vos boulangers, etc., vous savez, dis-je, que pour moi, un livre, c’est un homme, ou rien. — Je me soucie autant que de la fumée d’une pipe, de tous les arrangements, combinaisons, drames, qu’à tête reposée, et en travaillant pour votre plaisir, vous pourriez imaginer et combiner. — Il y a dans Lélia des vingtaines de pages qui vont droit au cœur, franchement, vigoureusement, tout aussi belles que celles de René et de Lara. Vous voilà George Sand ; autrement vous eussiez été madame une telle faisant des livres. Voilà un insolent compliment, je ne saurais en faire d’autres. Le public vous les fera. Quant à la joie que j’ai éprouvée, en voici la raison. Vous me connaissez assez pour être sûre à présent que jamais le mot ridicule de — voulez-vous ? ou ne voulez-vous pas ? — ne sortira de mes lèvres avec vous. — Il y a la mer Baltique entre vous et moi sous ce rapport. — Vous ne pouvez donner que l’amour moral — et je ne puis le rendre à personne en admettant que vous ne commenciez pas tout bonnement par m’envoyer paître, si je m’avisais de vous le demander, mais je puis être, si vous m’en jugez digne, — non pas même votre ami, — c’est encore trop moral pour moi — mais une espèce de camarade sans conséquence et, sans droits, par conséquent sans jalousie et sans brouilles, capable de fumer votre tabac, de chiffonner vos peignoirs[5] et d’attraper des rhumes de cerveau en philosophant avec vous sous tous les marronniers de l’Europe moderne. Si, à ce titre, quand vous n’avez rien à faire, ou envie de faire une bêtise, comme je suis poli ! vous voulez bien de moi pour une heure ou une soirée, au lieu d’aller ces jours-là chez madame une telle, faisant des livres, j’aurai affaire à mon cher monsieur George Sand, qui est désormais pour moi un homme de génie. Pardonnez-moi de vous le dire en face, je n’ai aucune raison pour mentir. À vous de cœur. Alfd de Mt. Mercredi. LETTRE N° 8. Mon cher George, vos beaux yeux noirs que j’ai outragés hier[6] m’ont trotté dans la tête ce matin. Je vous envoie cette ébauche, toute laide qu’elle est, par curiosité pour voir si vos amis la reconnaîtront, et si vous la reconnaîtrez vous-même. Good night. I am gloomy to day.[7] Alfd de Musset. LETTRE N° 9[8]. Je crois, mon cher George, que tout le monde est fou ce matin ; vous qui vous couchez à quatre heures, vous m’écrivez à huit ; moi, qui me couche à sept, j’étais tout grand éveillé au beau milieu de mon lit, quand votre lettre est venue. Mes gens auront pris votre commissionnaire pour un usurier, car on l’a renvoyé sans réponse. Comme j’étais en train de vous lire et d’admirer la sagesse de votre style, arrive un de mes amis toujours à huit heures, lequel ami se lève ordinairement à deux heures de l’après-midi. Il était cramoisi de fureur contre un article des Débats où l’on s’efforce, ce matin même[9], de me faire un tort commercial de quelques douzaines d’exemplaires. En vertu de quoi j’ai essuyé mon razoir sic dessus. J’irai certainement vous voir à minuit. Si vous étiez venue hier soir, je voue aurais remercié sept fois comme ange consolateur et demi, ce qui fait bien proche de Dieu. J’ai pleuré comme un veau pour faire ma digestion, après quoi je suis accouché par le forceps de cinq vers et une sic hémistiche, et j’ai mangé un fromage à la crème qui était tout aigre. Que Dieu vous conserve en joie, vous et votre progéniture, jusqu’à la vingt et unième génération. Yours truly Alfd de Mt. LETTRE N° 10. Mon cher George, j’ai quelque chose de bête et de ridicule à vous dire. Je vous l’écris sottement au lieu de vous l’avoir dit, je ne sais pourquoi, en rentrant de cette promenade. J’en serai désolé, ce soir. Vous allez me rire au nez, me prendre pour un faiseur de phrases dans tous mes rapports avec vous jusqu’ici. Vous me mettrez à la porte et vous croirez que je mens. Je suis amoureux de vous. Je le suis depuis le premier jour où j’ai été chez vous. J’ai cru que je m’en guérirais tout simplement en vous voyant à titre d’ami. Il y a beaucoup de choses dans votre caractère qui pouvaient m’en guérir ; j’ai lâché de me le persuader tant que j’ai pu ; mais je paye trop cher les moments que je passe avec vous. J’aime mieux vous le dire et j’ai bien fait, parce que je souffrirai bien moins pour m’en guérir à présent si vous me fermez votre porte. Cette nuit, pendant que[10]… j’avais résolu de vous faire dire que j’étais à la campagne, mais je ne veux pas vous faire de mystères ni avoir l’air de me brouiller sans sujet. Maintenant, George, vous allez dire encore un qui va m’ennuyer ! comme vous dites ; si je ne suis pas tout à fait le premier venu pour vous, dites-moi, comme vous me l’auriez dit hier en me parlant d’un autre, ce qu’il faut que je fasse. Mais je vous en prie, si vous voulez me dire que vous doutez de ce que je vous écris, ne me répondez plutôt pas du tout. Je sais comme vous pensez de moi, et je n’espère rien en vous disant cela. Je ne puis qu’y perdre une amie et les seules heures agréables que j’ai passées depuis un mois. Mais je sais que vous êtes bonne, que vous avez aimé, et je me confie à vous, non pas comme à une maîtresse, mais comme à un camarade franc et loyal. George, je suis un fou de me priver du plaisir de vous voir pendant le peu de temps que vous avez encore à passer à Paris, avant votre départ pour l’Italie où nous aurions passé de si belles nuits, si j’avais de la force. Mais la vérité est que je souffre et que la force me manque. Alfd Mt. LETTRE N° 11. S’il y a dans les feuilles que je viens de lire une page où vous ayez pensé à moi, et que je l’aie deviné, je vous remercie, George. [11] Je voudrais que vous me connussiez mieux, que vous voyiez qu’il n’y a dans ma conduite envers vous ni rouerie ni orgueil affecté, et que vous ne me fassiez pas plus grand ni plus petit que je ne suis. Je me suis livré sans réflexion au plaisir de vous voir et de vous aimer. — Je vous ai aimée, non pas chez vous, près de vous, mais ici, dans cette chambre où me voilà seul à présent. C’est là que je vous ai dit ce que je n’ai jamais dit à personne. — Vous souvenez-vous que vous m’avez dit un jour que quelqu’un vous avait demandé si j’étais Octave ou Cœlio, et que vous aviez répondu tous les deux, je croîs. — Ma folie a été de ne vous en montrer qu’un, George, et quand l’autre a parlé, vous lui avez répondu comme à[12] À qui la faute ? À moi. Plaignez ma triste nature qui s’est habituée à vivre dans un cercueil scellé, et haïssez les hommes qui m’y ont forcé. Voilà un mur de prison, disiez-vous hier, tout viendrait s’y briser. Oui George, voilà un mur ; vous n’avez oublié qu’une chose, c’est qu’il y a derrière un prisonnier. Voilà mon histoire toute entière, ma vie passée, ma vie future. Je serai bien avancé, bien heureux, quand j’aurai barbouillé de mauvaises rimes les murs de mon cachot ! Voilà un beau calcul, une belle organisation de rester muet en face de l’être qui peut vous comprendre, et de faire de ses souffrances un trésor sacré pour le jeter dans toutes les voieries, dans tous les égouts, à six francs l’exemplaire ! Pouah ! Plaignez-moi, ne me méprisez pas. Puisque je n’ai pu parler devant vous, je mourrai muet. Si mon nom est écrit dans un coin de votre cœur, quelque faible, quelque décolorée qu’en soit l’empreinte, ne l’effacez pas. Je puis embrasser une fille galeuse et ivre morte, mais je ne puis embrasser ma mère. Aimez ceux qui savent aimer, je ne sais que souffrir. Il y a des jours où je me tuerais mais je pleure ou j’éclate de rire, non pas aujourd’hui, par exemple. Adieu, George, je vous aime comme un enfant. ↑ La 1re lettre de George Sand à Alfred de Musset est datée de Venise. Aucune de celles qu’elle a pu lui écrire précédemment ne m’a été remise. Aucune n’avait été copiée, ni même vue par M. Aucante. George Sand tenait surtout à se justifier d’avoir été la maitresse de Pagello, alors qu’elle aurait encore été celle de Musset. C’est pourquoi elle a dû regarder comme étant sans intérêt les réponses qu’elle a pu faire à ce dernier dans les débuts de leur liaison. ↑ C’était un fragment inédit de Rolla. ↑ Il avait eu des crampes d’estomac jusqu’à s’évanouir. ↑ C’était pour voir un feu d’artifice, probablement celui de la fête du roi, où elle a été en effet sans lui. ↑ Il s’était habillé en pierrot et avait mystifié une personne qui n’était pas, comme on l’a raconté et imprimé, Mr de la Rochefoucauld. ↑ Il avait fait la charge de plusieurs personnes, la sienne, celle de G. S., celle de Buloz, etc. Il dessinait remarquablement. ↑ Bonsoir, je sais triste aujourd’hui. ↑ L’en-tête de cette lettre est orné d’un dessin à la plume représentant une dame vue de dos et tenant par la main deux enfants qui portent des joujoux. ↑ N° du 28 juillet 1833. ↑ Ces deux derniers mots biffes à la plume par G. Sand, et la ligne suivante coupée aux ciseaux. ↑ Coupure aux ciseaux, faite par A. de M. ↑ Partie du verso enlevée par la coupure. Alf. de M. semble avoir voulu couper tout ce qui contenait des noms propres. Lettreà Alfred de Musset Par George Sand. Œuvre du domaine public. Date de publication sur Atramenta : 10 mars 2011 à 13h29. Dernière modification : 19 décembre 2018 à 7h34. Vous êtes en mode "plein écran". Lire en mode normal (façon ereader) Lettre de George Sand à Alfred de Musset. Je suis très émue de vous dire que j’ai . bien compris l’autre soir que vous aviez. Lettre envoyée par Aurore Dupin romancière francaise du XIXe siècle, dite George SAND son nom de plume à Alfred de MUSSET écrivain francais. Cette lettre est authentique. A vous de découvrir l’érotisme caché. Je suis très émue de vous dire que j’ai bien compris l’autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit là une preuve que je puisse être aimée par vous. Je suis prête à vous montrer mon affection toute désintéressée et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dévoiler sans artifice mon âme toute nue, venez me faire une visite. Nous causerons en amis, franchement. Je vous prouverai que je suis la femme sincère, capable de vous offrir l’affection la plus profonde comme la plus étroite amitié, en un mot la meilleure preuve que vous puissiez rêver, puisque votre âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha- bite est bien longue, bien dure et souvent difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme grosse. Accourez donc vite et venez me la faire oublier par l’amour où je veux me mettre. NB Relisez-la en sautant les lignes paires George Sand 1835 ————————– Alfred de Musset à Georges Sand Quand je vous jure, hélas! un éternel hommage Voulez-vous qu’un instant je change de langage ? Vous seule possédez mon esprit et mon cœur. Que ne puis-je pas avec vous goûter le vrai bonheur ! Je vous aime, ma belle, et ma plume en délire Couche sur le papier ce que je n’ose dire Avec soin, de mes vers, lisez les premiers mots, Vous saurez quel remède apporter à mes maux. La réponse de Georges Sand Cette grande faveur que votre ardeur réclame Nuit peut-être à l’honneur, mais répond à ma flamme…
Titre(s) Correspondance de George Sand et d'Alfred de Musset / publiée intégralement et pour la première fois d'après les documents originaux par Félix Decori Auteur (s) Sand, George (1804-1876) Autre (s) auteur (s) Musset, Alfred de (1810-1857) Pétain, Philippe (1856-1951) Adresse bibliographique Bruxelles E. Deman 1904 Description matérielle
Témoignage cocasse et coquin de sa brève aventure amoureuse avec l'écrivain entre 1833 et Sand est le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, plus tard baronne Dudevant, écrivain français née à Paris le 1er juillet 1804 et morte à Nohant le 8 juin Aurore Lucile Dupin, écrivain romantique, naquit à Paris en 1804. Si vous ne reconnaissez pas son nom, c'est parce qu'elle n'était connue que sous le pseudonyme de George Sand. Elle était la fille de Maurice Dupin et de Sophie Victoire Delaborde, la petite-fille de Charles Louis Dupin de 1831, George commença sa carrière en travaillant pour le Figaro. Avec son amour, Jules Sandeau, elle rédigea, sous le pseudonyme J. Sand, de nombreux articles. Ce n'est que plus tard qu'elle adopta, pour les textes qu'elle rédigeait seule, le nom de George sans s » Sand. Elle commença à parler d'elle-même sous la forme masculine; elle se plut à porter des vêtements d'hommes, à fumer des cigares et à avoir de nombreux amants; elle essaya également d'entrer dans les endroits réservés aux hommes, comme les bibliothèques restreintes, les musées et la fosse du théâtre, ce qu'elle parvint à faire en s'habillant comme un homme. Beaucoup supposaient que George essayait de devenir un homme; en fait, elle se battait contre le stéréotype des femmes, afin qu'elles aient les même libertés que les Sand n'était pas le premier écrivain féminin; elle était cependant souvent considérée comme le premier auteur féminin professionnel de fiction. En utilisant un pseudonyme masculin, elle souhaitait se faire l'égale des hommes. Elle voulait être jugée non pas en tant que femme, mais sur la base de ses Sand a été lue par les hommes et les femmes. Dans ses écrits, elle décrivait les femmes comme des individus à part entière, rendait ses lectrices plus confiantes en elles-mêmes, et elle devint l'idole de toutes les un an après avoir commencé à travailler à son nouvel emploi, elle publia son premier livre Rose et Blanche, en collaboration avec Jules Sandeau. Par la suite, elle travailla beaucoup à la création d'un second livre, Indiana, lequel, cette fois était son oeuvre personnelle. Six mois plus tard, elle révéla un brouillon de son roman suivant, Valentine. Même si ses deux premiers romans furent des succès, seul son troisième roman, Lélia, lui apporta la gloire. Peu après sa publication, George Sand entra dans le cercle des grands auteurs français, et fit dès lors partie des écrivains les mieux eut de nombreux rapports ouverts avec les hommes célèbres qu'elle connaissait à Paris, dont Jules Sandeau, Alfred de Musset et Frédéric Jules Sandeau, sa liaison suivante fut avec Alfred de Musset, un jeune auteur. Mais juste une année plus tard, Musset tombe malade et George s'éprend du docteur Pierto Pagello, qui le 1834, George revient à Paris avec Pagello, où elle se réconcilie avec Musset. Mais ils ont continué à avoir de nombreuses disputes qui conduisirent à des séparations répétées; ils décidèrent finalement de terminer leur eut d'autres rapports après Musset, mais aucun plus intéressant que Frédéric Chopin. Ils se sont rencontrés en 1836. Ils avaient un rapport compliqué. Ils devinrent amis, puis amants pour se comporter finalement comme mère et fils. On dit que son rapport avec Chopin est un des plus fascinants et improbable dans l'histoire puisqu'ils avaient deux personnalités totalement 09-07-2007Cet enregistrement est mis à disposition sous un contrat Art enregistrement est mis à disposition sous un contrat Creative Commons. TexteB : Alfred de MUSSET, Poésies posthumes; 1866, « À George Sand » Ce poème publié après la mort de Musset, a été écrit après la première rupture avec George Sand, la maîtresse du poète. C’est lors d’un séjour à Venise, en 1834, que les amants se sont séparés pour la première fois. Il faudra bien t'y faire à cette solitude, Pauvre cœur insensé, tout prêt à
Pourquoi nous sommes-nous quittés si tristes , Nous verrons-nous ce soir? Pouvons-nous être heureux ? Pouvons-nous nous aimer ? Tu as dit que oui, et j’essaye de le croire. Mais il me semble qu’il n’y a pas de suite dans tes idées, et qu’à la moindre souffrance, tu t’indignes contre moi […]. Hélas ! […] Nous nous aimons, voilà la seule chose sûre qu’il y ait entre nous. Le temps et l’absence ne nous ont pas empêchés et ne nous empêcheront pas de nous aimer. Mais notre vie est-elle possible ensemble ? La mienne est-elle possible avec quelqu’un ? Cela m’effaye. Je suis triste et consternée par instants, tu me fais espérer et désespérer à chaque instant. Que ferais-je ? Veux-tu que je parte ? Veux-tu essayer encore de m’oublier ? Moi je ne chercherai pas, mais je puis me taire et m’en aller. Je sens que je vais t’aimer encore comme autrefois, si je ne fuis pas. […] Il y a des heures, je te l’avoue où l’effroi est plus fort que l’amour et où je me sens paralysée comme un homme sur un sentier de montagne qui n’ose ni avancer ni reculer entre deux abîmes. L’amour avec toi et une vie de fièvre pour tous deux peut-etre ou bien la solitude et le désespoir pour moi seule. Dis-moi, crois-tu pouvoir être heureux ailleurs ? Oui sans doute, tu as vingt-trois ans et les plus belles femmes du monde, les meilleures peut-être, peuvent t’appartenir. Moi, je n’ai pour t’attacher que le peu de bien, et le beaucoup de mal que je t’ai fait. […] Dis-moi ce que tu veux, fais ce que tu veux, ne t’occupe pas de moi, je vivrais pour toi aussi longtemps que tu voudras, et le jour où tu ne voudras plus, je m’éloignerai sans cesser de te chérir et de prier pour toi. Consulte ton cœur, ta raison aussi, ton avenir, ta mère, pense à ce que tu as hors de moi et ne me sacrifie rien. Si tu reviens à moi, je ne peux te promettre qu’une chose, c’est d’essayer de te rendre heureux. Mais il te faudrait de la patience et de l’indulgence pour quelques moments de peur et de tristesse que j’aurai encore sans doute. Cette patience-là n’est guère de ton âge. Consulte-moi, mon ange. Ma vie t’appartient et quoi qu’il arrive, sache que je t’aime et t’aimerai… George Sand
Jesuis très émue de vous dire que j'ai bien compris l'autre soir que vous avez toujours une envie folle de me faire danser; je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit là une preuve que je puisse être aimée par vous. Je suis prête à vous montrer mon affection toute désintéressée et sans cal- cul, et si vous voulez me Chere élève de 4è, voici la vidéo de lecture de la lettre de George Sand à Alfred de Musset. Regarde-la puis remplis le formulaire en cliquant sur ce lien. [youtube] Navigation des articles
Cetamant passionné et inquiet (Rolla, 1833) rencontre en 1833 la romancière George Sand pour une brève et orageuse liaison. Des douleurs de la séparation naîtront les poèmes des Nuits (1835 – 1837), le drame de Lorenzaccio (1834) et le roman intitulé La Confession d’un enfant du siècle (1836). En 1840 Musset, qui n’a que 30 ans
Résumé Détails Compatibilité Autres formats Tout commence par une trahison amoureuse. Octave, trompé par sa maîtresse, se jette à cœur perdu dans les bras de la débauche. Mais quand survient un nouvel amour, la passion prend le goût amer de la jalousie pour Octave, marqué au fer rouge de la désillusion, aimer, c’est souffrir, et surtout faire souffrir… Autel de douleur dressé par Musset à George Sand au lendemain de leur rupture, la Confession 1836 dépasse pourtant le seul cadre de l’expérience personnelle. Cherchant à toucher du doigt ses blessures et à trouver dans la fiction une vérité consolatrice, Musset, enfant du siècle, chante la désespérance de toute une génération en proie au mal de vivre. Lire plusexpand_more Titre La Confession d'un enfant du siècle EAN 9782081520707 Éditeur Flammarion Date de parution 19/08/2020 Format PDF Poids du fichier Inconnue Protection Adobe DRM L'ebook La Confession d'un enfant du siècle est au format PDF protégé par Adobe DRM highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur application iOs et Android Vivlio. highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur My Vivlio. highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur le lecteur Vivlio. check_circle Cet ebook nécessitera un logiciel propriétaire pour une lecture sur liseuse. De plus, la liseuse ne permet pas d'adapter la taille de la police d'écriture sur ce format. Je crée ma liste d’envies Vous devez être connectée pour pouvoir créer et sauvegarder votre liste d’envies cancel Déjà cliente ?Se connecter Pas encore inscrite ?Mon compte Un compte vous permettra en un clin d’oeil de commander sur notre boutique consulter et suivre vos commandes gérer vos informations personnelles accéder à tous les e-books que vous avez achetés avoir des suggestions de lectures personnalisées Livre non trouvé Oups ! Ce livre n'est malheureusement pas disponible... Il est possible qu’il ne soit pas disponible à la vente dans votre pays, mais exclusivement réservé à la vente depuis un compte domicilié en France. L’abonnement livre numérique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! check_circle Chaque mois, bénéficiez d’un crédit valable sur tout le catalogue check_circle Offre sans engagement, résiliez à tout moment ! L’abonnement livre numérique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! Vous allez être redirigé vers notre prestataire de paiement Payzen pour renseigner vos coordonnées bancaire Si la redirection ne se fait pas automatiquement, cliquez sur ce lien. Bienvenue parmi nos abonnés ! shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! Z6W7n.
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